La violence symbolique dans les rapports sexuels.
- Maelle Bizet Sable
- 2 févr. 2022
- 4 min de lecture
Dans le dernier article, je te parlais de comment soigner l’inconscient. Ce qui revient souvent dans la construction de soi, vaginisme ou non, c’est l’association du rapport sexuel à la douleur. Or, pour de nombreuses personnes, la violence est excitante. Le but de cet article est donc de comprendre si on peut consommer cette violence sans que notre inconscient l’interprète comme un danger.
Violent ou pas ?
Est-ce qu’on peut véritablement parler d’actes violents ? Ici je parle exclusivement d’une sexualité désirée, consentie et pas douloureuse en tant que telle (on n’est pas dans le cadre du BDSM) : la violence dont je parle est essentiellement symbolique.
Il y a une grande subjectivité dans la façon dont on pense et ressent la sexualité. Je pense notamment à une personne qui refusait que sa partenaire régulière pratique la fellation, parce qu’il jugeait l’acte irrespectueux. Pour la plupart des gens, cette pratique n’a rien de violent ou de négatif. Pour lui, c’était impensable « d’infliger » ça à sa partenaire. En réalité, il n’y a pas de vérité dans la sexualité. Une pratique n’est pas violente ou irrespectueuse en soi. C’est le discours que l’on construit autour de cette pratique qui l’est.
S’il y a certaines pratiques qui te mettent mal à l’aise, parce que tu les trouves dégradantes par exemple, pose-toi la question : l’acte en soi est-il dégradant ? ou ce sont les images et valeurs associées qui le sont ?
C’est important de différencier un acte de la signification que tu lui donnes parce que le corps, les fluides corporels n’ont aucune valeur morale en eux-mêmes. Une fois cette distinction faite, on peut identifier des paroles, des façons de se mouvoir qui comportent l’idée de violence, et qui sont excitantes pour cette raison.
Pourquoi fantasmer la violence ?
L’imaginaire sexuel violent est très répandu : une fessée, une main sur le coup sont des actes d’une grande banalité dans le porno et même au cinéma. Le langage utilisé « prendre, démonter » est aussi très violent, je t’en parlais dans l’un des premiers articles du site. Il est donc courant de fantasmer sur cette violence, tout simplement parce que tu reproduis ce qu’on t’a inculqué. Pourtant nombreux sont ceux qui ressentent une certaine gêne vis-à-vis de ces fantasmes.
Le fantasme se construit souvent dans le fait de braver un interdit. C’est pour cette raison que fantasmer la violence n’est pas mauvais en soi : ton inconscient repousse simplement certaines limites. Le principe même du fantasme est qu’il n’y a aucune obligation à passer à l’acte : le fantasme peut rester de l’ordre de l’imaginaire, de l’irréalisable.
Tw. Dans le cadre de victimes d’agressions sexuelles, fantasmer sur des scènes similaires peut être un moyen pour l’inconscient de se réapproprier le traumatisme. Il n’y a aucune honte à avoir.
Est-ce une bonne chose de pratiquer la violence ?
Si tu fais du vaginisme, tu as sûrement déjà entendu que considérer la pénétration et plus généralement la sexualité comme quelque chose de violent, contribue à te bloquer. Pourtant est-ce que c’est nécessaire d’adopter une sexualité « vanille » pour guérir ? Pas forcément. Choisir la violence peut t’entraîner dans un cycle d’association douleur=sexualité. Mais refuser la violence peut aussi être à l’origine de troubles parce que tu refoules une partie de tes désirs : la honte n’est pas un sentiment qui favorise l’épanouissement sexuel.
Pour moi, la question essentielle à se poser est : Est-ce que je suis en accord avec ma sexualité ? C’est-à-dire comprendre ce qui m’excite, les raisons qui m’y poussent, et me libérer des attentes, constructions qui pèsent sur ma sexualité. La complication se situe dans le mimétisme de nos désirs : on reproduit souvent ce que l’on voit. Ça peut donc être difficile de distinguer ce que l’on aime de ce que l’on a toujours connu.
Si je devais te donner un conseil pratique : la violence ne doit pas être prise comme la seule sexualité possible, mais comme l’une de ses formes. Si elle est pratiquée, mieux vaut l’interroger en amont et ne pas simplement la reproduire en pensant qu’elle est vide de sens. C’est l’occasion d’une formidable introspection.
Rappelle-toi quand même, qu’il ne faut pas culpabiliser d’avoir une sexualité vanille ou violente, et surtout que cette sexualité ne te définit pas, ni toi, ni la nature de ta relation. Violence et amour passionnel ne sont pas intrinsèquement liés, tout comme la douceur n’implique pas forcément le respect.
So, on retient quoi ?
C’est difficile de ne pas avoir de jugement sur la sexualité des autres comme sur la sienne : on a souvent tendance à psychanalyser un peu trop la sexualité ou au contraire à l’imaginer comme allant de soi. Mais si tu devais te souvenir de trois choses : A chacun sa sensibilité, c’est le discours que tu portes sur une pratique qui lui accorde sa valeur morale, le principal est toujours d’être en accord avec soi, il n’y a pas besoin de plus pour être heureux sexuellement.
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