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Un même combat ?

Peut-être la newsletter que j’attendais le plus, aujourd’hui je vais te parler de vaginisme et d’excision. Même si tu n’es pas concerné.e par l’excision, cet article peut t’aider dans ta guérison. Alors bonne lecture ! Pourquoi vaginisme, pourquoi excision ? En France, le vaginisme toucherait 10% de la population, un chiffre qui est sans cesse revu à la hausse et 60 000 personnes auraient subi une excision. Pour t’expliquer un peu, l’une est un trouble sexuel, l’autre une forme particulière de mutilation génitale. Bien qu’elles soient différentes, elles entrainent chacune une conséquence commune : une douleur lors de la pénétration voire pour l’excision une douleur lors de toute forme de contact. Je pense cependant qu’elles ont beaucoup plus en commun que la douleur. L’excision, et en particulier l’ablation partielle ou totale du clitoris, est une façon de dompter le plaisir féminin. Il s’agit d’empêcher la femme de prendre du plaisir. Le vaginisme suit le même modèle, sauf que l’exciseuse n’est autre que toi-même. C’est la façon choisie par ton corps de refuser la pénétration, et l’une des raisons possibles est d’avoir grandi avec l’idée que la sexualité c’est mal. C’est pour ça que si tu as subi une excision plus jeune, tu peux aujourd’hui faire du vaginisme, même après l’opération : parce que si l’excision est « soignée » (par une chirurgie réparatrice), ce n’est pas forcément le cas des croyances qui l’accompagnaient. Dans le cadre du vaginisme ou de l’excision, la société patriarcale joue beaucoup. En culpabilisant la sexualité des femmes, que ce soit par la violence physique ou symbolique, on les prive d’une possession complète et légère de leur corps comme de leurs désirs. Mais alors, comment guérir ? Déconstruire, reconstruire. Aller au-delà du travail du corps. Une guérison nécessite de dépasser le simple aspect corporel. La chirurgie réparatrice ne suffit pas à vaincre l’excision comme travailler son périnée n’est pas le seul traitement possible au vaginisme. Dans les deux cas, il s’agit de comprendre les croyances et réflexes associés à la sexualité. Évacuer le traumatisme. Si le vaginisme peut être causé par un traumatisme, l’excision est en elle-même un traumatisme. C’est une pratique de violence extrême contre le corps, et même si les souvenirs sont flous et peu nombreux, c’est important de les considérer pour s’en détacher. Reconnecter avec son corps. Une étape clé est l’observation de soi, grâce à un miroir par exemple. Apprendre à se connaître, intérieurement et extérieurement. Dans le cas d’une excision une fois l’opération réalisée, il faut découvrir le nouvel aspect de sa vulve, apprendre à vivre avec. Avant l’opération, l’observation peut être douloureuse et ravivée des traumatismes, inutile alors de se forcer. C’est un travail de réappropriation de soi, qui est commun au travail effectué lors d’un traitement du vaginisme : le but est de construire une relation avec soi-même qui soit saine et libérée. S’autoriser de ressentir du plaisir. Même si les mutilations génitales sont faites par des femmes sur d’autres femmes, l’objectif est d’exalter le plaisir masculin et de garantir la fidélité de la femme. Ce discours laisse peu de place pour l’autonomie sexuelle. C’est important de comprendre que le plaisir peut être féminin et qu’il n’y a pas à satisfaire l’autre en dépit de soi-même. Cultiver son plaisir, découvrir comment et pourquoi il se manifeste, c’est aussi ça, guérir. So, on retient quoi ? Patriarcat, douleurs et culpabilisation sont des choses communes au vaginisme et à l’excision. Mais elles ne sont pas les seules : Cultiver son désir, remettre en cause sa perception de la sexualité, parler traumatisme et relation au corps, se regarder et s’écouter, sont autant d’actes à accomplir pour soigner ces maux. Autant d’actes difficiles et dont tu n’es pas responsable, mais qui offrent l’occasion d’accéder à une sexualité consciente et épanouie. Penser l’excision. Pourquoi te parler d’excision aujourd’hui ? Parce que sort Penser l’excision, un livre que j’ai co-écrit aux côtés d’une incroyable femme et amie, Fatoumata S. que tu as peut-être déjà entendu dans le premier épisode du podcast : Journal d’une excisée.


Ce livre est le produit de quatre années d’écriture, de rendez-vous médicaux, d’hésitations mais surtout de réflexions. Ce livre est aussi un essai féministe, antiraciste, politique - intersectionnel en somme. Il est une occasion pour discuter de sororité, de grossophobie, de peur de l’étranger, de rancœurs et d’acceptation : si bien qu’il aurait été tout aussi juste de l’intituler Penser au-delà de l’excision. Si tu as l’occasion de nous lire, n’hésite pas à nous envoyer un message ou à nous taguer sur les réseaux sociaux, c’est avec plaisir que l’on passera te lire. Le livre est dispo sur la Fnac (bientôt), Amazon et tu peux aussi le commander dans les librairies proches de chez toi ! Je suis hyper reconnaissante d’avoir eu la possibilité de publier un livre aussi jeune et d’avoir rencontré une personne aussi formidable que Fatou. Xoxo, Maelle Bizet Sablé.

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